D’où ces personnalités centrées sur elles-mêmes et indifférentes ou presque à leur entourage tireraient-elles ces désagréables traites de personnalités ? Didier Pleux émet l’hypothèse d’un basculement mal géré dans les modes éducatifs. Elevés dans la rigidité, les parents nés dans les années 70 auraient refusé de soumettre leurs enfants au même traitement. Résultat, ils ont mis en valeur la liberté et l’épanouissement personnel, les érigeant même en objectif essentiel de la vie de famille. Surinvestis, peu soumis à l’indispensable frustration et au « non », conscients de l’importance pour leurs parents de se sentir aimés de leurs enfants, ces derniers sont, pour certains, victimes d’une crise de surmoi. Un surmoi tellement important qu’il prend le pas, à l’âge adulte, sur les règles de vie en société, de partage, respect et solidarité.
Sans généraliser abusivement, le psychologue alerte, avec d’autres tels que Dominique Picard ou Marcel Rufo, sur cette difficulté croissante à dire « non » mais aussi sur la facilité à incriminer systématiquement les parents. Dans notre société d’hyper consommation où tout va vite, l’instant compte davantage que la durée, l’attente est insupportable, la patience mise aux rancards. Longtemps préservés de la réalité – qui impose son rythme, son timing, ses contraintes notamment financières – ces enfants devenus adultes ne comprennent pas la dureté de la société qui se propose à eux.