Il existe des ethnographes des courses ! 17 chercheurs ont plongés dans nos chariots de supermarchés, interrogés les arpenteurs de rayons et publié Les petites histoires extraordinaires des courses ordinaires.
Qu’en ont-ils retenus ? Que, sauf pour les hommes qui confondent cette activité avec un sport ou pour les seniors qui ont besoin d’un espace de socialisation le samedi après-midi, ce sont bien sûr les mères de famille qui s’y collent. A contrecœur à première vue, puisque 94% d’entre elle considèrent cette tâche comme un travail, répétitif et ingrat comme une pile de linge à repasser.
Les chercheurs relèvent cependant aussi que les mères de famille rechignent à déléguer cette tâche, car celui qui remplit le chariot, choisit ! A défaut de voter les lois de la République, les femmes gardent donc la haute main sur le choix de la marque de jus de fruit ou du pourcentage de matière grasse dans le yaourt. Celles qui acceptent de déléguer au père soit repassent derrière lui, soit bénissent l’invention du téléphone portable qui leur permet de piloter l’homme à la manière de la dame dans le GPS.
Et les Mauvaises Mères, elles se reconnaissent à quoi ? A leur absence, pardi. Car les chercheurs sont formels : la mère qui commande sur Internet et se fait livrer est une mauvaise mère ! La Mauvaise Mère-ci fait donc partie de ces rares pionnières de l’Internet qui utilise une souris à la place du chariot, et cela depuis 1998. (NB aux lecteurs de la génération Y : oui, Internet existait déjà , les dinosaures avaient cependant disparu).
Cela ne l’oblige cependant pas à lâcher le pouvoir absolu sur les produits qui auront droit de cité dans le frigo. Car qui a choisi l’enseigne du supermarché en ligne et ne dévoilera les codes d’identification du compte familial que sous la torture ? ELLE, bien sûr !